
- 06 Nov 2018
Ouganda 2018 : Récit de voyage
Comme presque chaque année à cette période, l’heure était venue de repartir en direction de l’Afrique mais cette fois-ci c’est en direction de l’Ouganda que nous avons voyagé. Le but de ce voyage, partir à la rencontre des chimpanzés dans le parc national de Kibale puis des gorilles des montagnes dans la forêt impénétrable de Bwindi. Comme depuis de plusieurs années, nous avons bien entendu choisit de faire appel à notre ami et guide Keith Connelly pour organiser ce séjour et nous mener à la découverte de ce pays, sur les traces de ces grands primates.
Le mois de septembre est synonyme de saison des pluies en Ouganda. Nous étions donc équipés et prêts à affronter des conditions climatiques auxquelles nous n’étions pas habitués puisque nous voyageons habituellement en Afrique à la saison sèche. De plus, étant donné la difficulté du terrain dans la forêt humide et les nombreuses heures de marche en montagne qui nous attendaient, nous avions consacré la majeure partie des weekends de l’été à nous entraîner en allant randonner à moyenne altitude.
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14 septembre
Le grand jour est enfin arrivé, levés aux aurores pour prendre notre vol à 7h20 direction Entebbe via Amsterdam. Un vol sans encombre mais un peu long compte tenu de l’escale technique inévitable de deux heures à Kigali, au Rwanda. Arrivés à destination il fallait encore passer le contrôle sanitaire (contrôle des carnets de vaccination pour la fièvre jaune) et la douane puis prendre un taxi jusqu’à Kampala où nous attendaient nos amis Keith et Meghan chez qui nous sommes arrivés à 23h30. Le plaisir de les retrouvé était cependant mêlé à cette irrésistible envie de dormir après ces seize heures de voyage. Nous ne tardions donc pas à aller nous coucher car le lendemain matin nous reprenions la route.
15 septembre
La route en direction du parc national de Kigale fût longue de sept heures mais agréable et nous permis de découvrir les magnifiques paysages de l’Ouganda. Nous sommes arrivés à notre joli petit lodge, perdu au milieu des collines verdoyantes en fin d’après-midi alors que le ciel prenait une allure particulièrement menaçante. Mais cette longue journée de route fût une nouvelle fois éreintante et après un délicieux filet de Tilapia du Lac Victoria, il ne nous fallut que quelques minutes pour tomber de sommeil.
16 septembre
Ce matin nous sommes partis pour notre première rencontre avec les chimpanzés du parc national de Kibale. Après un briefing avec les rangers du parc il était temps de nous mettre à la recherche de ces primates dans la forêt humide. La saison des pluies ayant débuté le terrain s’avérait particulièrement humide et boueux. Mais après une petite heure de marche nous pouvions enfin entendre les cris des chimpanzés au loin. L’excitation était à son comble quand, quelques minutes plus tard, nous les trouvions enfin. Ils étaient en haut des arbres, passant de branche en branche, tout autour de nous. Les suivre au milieu de cette forêt et sur un terrain aussi boueux fût un vrai exercice d’équilibriste. Mais après quelques dizaines de minutes d’approche nous trouvions enfin un groupe au sol que nous avons pu approcher d’un peu plus près. Cette première rencontre fût vraiment impressionnante. Une communauté d’une centaine de chimpanzés composait le groupe que nous venions de trouver et l’heure passée avec eux (temps maximum accordé par le règlement du parc national) passa trop vite, bien trop vite… il était déjà temps de retourner au camp de base puis à notre lodge. Mais cette journée fût très intense en émotions et nous ne pouvions que nous réjouir à l’idée de renouveler une telle expérience le jour suivant. Le soir, un orage très violent s’abattit sur la région, accompagné de vents vraiment forts et d’une quantité de pluie qu’il serait difficile de décrire. La saison humide était bien arrivée…
17 septembre
Contrairement à la veille, notre permis pour accéder au parc national n’était valide que l’après-midi. Le risque de devoir affronter l’orage qui éclatait presque chaque jour en fin de journée était donc plus important. Cependant, la chance de trouver les chimpanzés en bas des arbres aussi. En effet, se nourrissant plus volontiers le matin, ils sont généralement plus calme en seconde partie de journée. Mais en arrivant à la lisière de la forêt vers 14h, la chaleur était intenable et l’air complètement saturé d’humidité. Evoluer au sein de cette forêt exigeait avant tout de ne jamais oublier de s’hydrater régulièrement.
Le groupe que nous avons trouvé aujourd’hui était encore plus grand que celui de la veille et comme nous l’espérions, plus calme et proche du sol. Bien que leur déplacements constant nous demandait de les suivre en permanence, la proximité avec laquelle nous pouvions les approcher était absolument inespérée et ce fût une incroyable opportunité de pouvoir les observer dans leur milieu naturel, sans qu’à aucun moment ils ne se préoccupent de notre présence, notre ranger veillant à chaque instant à ce que nous n’interférions pas avec leur espace. Les interactions sociales qui rythment la vie de ces communautés sont absolument incroyables, ils ne s’arrêtent jamais de communiquer, que ce soit par des gestes ou vocalement. Mais une fois encore l’heure (un peu étendue aujourd’hui) passée avec eux ne fût que trop courte et il était déjà temps de rebrousser chemin. Ce qui se fit non sans mal parce que si l’après-midi nous avait permis de profiter au mieux de ce moment unique, elle fût aussi un excellent moyen de prendre un douche magistrale. De retour au lodge il était déjà temps de refaire les sacs, le lendemain nous partions pour la forêt impénétrable de Bwindi, plus au Sud. Cette expérience avec les chimpanzés fût bien plus forte que je ne l’aurais imaginé et j’espère qu’un jour j’aurai la chance de revenir, plus longtemps, à la rencontre de ces animaux qui partagent plus de 96% de leur patrimoine génétique avec l’être humain.
18 septembre
Pas le temps de flâner ce matin, nous avons pris la route de Bwindi le plus tôt possible. La distance en kilomètres n’était pas très importante mais l’accès à cette région montagneuse est particulièrement difficile étant donné l’état des pistes, à plus forte raison durant la saison des pluies. Cependant, la route ne fût pas trop pénible. Les paysages variés et magnifiques, faits de plantation de bananiers, champs de thés à perte de vue, petits villages isolés et lacs de cratères par centaines (dont certains atteignent 300m de profondeur). Le passé volcanique de cette région lui a laissé en héritage des sols si fertiles que presque tout pourrait y être cultivé. Mais nous n’avons pas eu l’occasion de traîner en chemin, notre premier arrêt se situait à l’Ouest de Bwindi, l’entrée du parc national la plus éloignée de notre point de départ, la porte de Nkuringo.
Après neuf heures de route et trois heures de piste nous arrivions enfin au Nkuringo Bwindi Gorilla lodge situé à 2160m d’altitude, il était 19h. Un lodge magnifique dans un cadre idyllique, une chambre de rêve et un excellent repas, tout ce qu’il nous fallait avant une bonne nuit de repos car le lendemain la journée qui nous attendait serait bien plus difficile que nous ne l’aurions imaginé!
19 septembre
Après des mois d’attente, nous étions ce matin à l’aube de notre rencontre avec le roi de la montagne. Réveil matinal et un bon petit-déjeuner, il était temps de se mettre en marche sur la piste des gorilles. Le rendez-vous était fixé à 8h30 au bureau des rangers, à l’entrée du parc national, afin de suivre un briefing de sécurité et faire connaissance avec les guides et gardes qui nous accompagneraient durant cette randonnée ainsi que Gidone, le porteur du village que nous avons embauché pour la journée. Nous avons débuté notre trek à 9h du matin à 2160m d’altitude, sur un sentier de montagne qui nous mena au fond de la vallée à 1400m d’altitude. Le long du chemin je vis soudain un enfant au loin. Avec son bâton de marche et sa tunique bleue et rouge il apparaissait tel le gardien de la forêt vierge qui se dessinait derrière lui.
Après avoir traversé la rivière qui délimite l’entrée dans le parc national nous pénétrions dans la forêt primaire. Il était temps de remonter le long de la montagne, au cœur de la forêt, sur un terrain particulièrement boueux et glissant. Les fourmis safari, très présente dans cette région, nous empêchaient de nous arrêter trop souvent, au risque de se faire mordre par des centaines de ces insectes. Il valait d’ailleurs mieux ne pas oublier de bien rentrer son pantalon dans les chaussettes pour bien s’en protéger. L’ascension au milieu d’une végétation si dense fût un vrai défi, si l’on ajoute à cela l’inclinaison de la pente et le fait qu’elle soit si glissante, le tout combiné à un taux d’humidité proche de 100%.
Après 600 mètres de remontée, nous trouvions enfin le groupe de gorille que nous recherchions. Quelques individus de tous âges, éparpillés au milieu des buissons ou en haut des arbres pour les plus jeunes. Puis, soudain, il apparût au milieu de toute cette verdure… un grand dos argenté, le mâle dominant de ce groupe, le maître de lieux, le roi de la montagne. Allongé de tout son long sur un matelas de feuilles, il semblait plus préoccupé par la digestion de son dernier repas que par l’envie de s’éloigner de nous. Mais la densité de la végétation à cet endroit rendait l’observation difficile et l’heure à laquelle nous avions droit avec eux ne fût que trop courte. Il était déjà 13h et surtout le moment venu de rebrousser chemin car il fallait maintenant refaire le même parcours en sens inverse.
La descente jusqu’à la rivière s’avéra particulièrement glissante et périlleuse. Le sandwich que nous avions emporté avec nous le matin fût le bienvenu au moment de souffler quelques minutes avant de traverser la rivière en sens inverse et surtout d’attaquer la longue ascension qui nous attendait jusqu’au lodge. L’important dénivelé qui se dressait devant nous, le terrain glissant et étroit nous donna du fil à retordre, surtout lors de la dernière demi-heure lorsque la saison des pluies se rappela à notre bon souvenirs et nous offrit une douche que nous ne sommes pas prêt d’oublier. Nous sommes arrivés à 17h à la fin de cette randonnée de 18km, exténués mais heureux…! La soirée, quant à elle, passa assez vite. Le temps de sauvegarder les images en buvant un bière suivie d’un bon repas et il était déjà 21h30, l’heure d’aller se coucher car le lendemain nous reprenions la piste des gorilles.
20 septembre
Après un réveil à 6h15 et un petit-déjeuner qui devait nous permettre de tenir durant la première partie de la randonnée prévue ce matin, nous partions en direction du bureau des rangers. Aujourd’hui nous allions rencontrer un autre groupe de gorilles. Une famille située sur un autre versant de la vallée. Nous avons donc commencé cette excursion par 45 minutes de voiture pour nous mener à notre point de départ. Notre marche du jour commença à nouveau par une longue descente mais bien moins difficile que la veille.
C’est alors que nous nous sommes retrouvés devant une rivière bien plus large que lors de notre précédente randonnée. La traversée de celle-ci aurait dû se faire sur un pont suspendu mais les fortes pluies de ces derniers jours avaient malheureusement eu pour conséquence une forte augmentation du courant et surtout que le pont soit emporté par les eaux. C’est donc Charles, le porteur que nous avions embauché pour la journée, qui insista pour nous faire traverser tour à tour sur son dos. Il fit preuve d’un vrai sens de l’équilibre au moment de marcher sur ces pierres glissantes et démontra une force redoutable que sa carrure ne laissait pas imaginer. Grâce à son aide il ne fallu que quelques minutes pour rejoindre l’autre rive. Une fois de l’autre côté nous pénétrions dans la forêt vierge, le cours d’eau marquant le point d’entrée dans le parc national.
Trouver les gorilles aujourd’hui fût beaucoup plus rapide qu’hier et après une heure de recherche nous trouvions une famille de 14 individus composée d’un grand dos argenté dominant, un autre mâle que nous n’avons pas vu car tenu à l’écart par le mâle alpha, deux femelles ainsi plusieurs jeunes âgés de un à deux ans. Nous avons passé avec une un peu plus d’une heure cette fois-ci. L’environnement plus dégagé que la veille nous permis de vraiment profiter de cette rencontre dans d’excellentes conditions et avec une proximité impressionnante.
A l’heure de repartir, la pluie se mit à tomber très violemment. Si bien que le sentier de la longue remontée sur le chemin du retour se transforma rapidement en ruisseau puis presque en torrent par endroits. Il était impossible alors d’éviter d’être trempés, jusqu’au os! A peine arrivés à la voiture qu’il nous fallait retourner au lodge, récupérer nos affaires et partir pour l’ultime étape de ce voyage. Notre dernier permis pour les gorilles était validé pour une autre partie de la forêt impénétrable de Bwindi située à trois heures de route de là. La pluie tombait sans discontinu et la piste longeant la falaise de la montagne devint soudain infranchissable pour notre véhicule. Il nous fallut donc parcourir les deux derniers kilomètres à pied, le temps que les villageois viennent sortir notre 4×4 de la situation délicate dans laquelle il se trouvait. C’est ainsi que nous arrivions au Gorilla Valley Lodge (proche de l’entrée Sud du parc national, la porte de Rushaga) en fin de journée. Un peu fatigués, trempés et surtout frigorifiés.
21 septembre
Comme chaque jour ou presque, le réveil était réglé aux aurores. La porte de Rushaga était située à 40 minutes de piste du lodge et nous ne savions pas dans quel état elle serait ce matin. Après un briefing pour nous présenter le programme de la journée et un rappel des règles de sécurité nous attaquions notre dernière randonnée.
Le sentier plat et sinueux au milieu de la forêt semblait annoncer une journée plus facile que les précédentes. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Au moment de pénétrer dans la forêt vierge nous avons vite réalisé que la végétation était encore plus dense ici qu’elle ne l’était lors des deux journées précédentes. La progression était vraiment difficile et lente. Lorsque nous avons trouvé le groupe de gorilles que nous cherchions dans cette zone, je réalisais tout de suite que l’exercice serait particulièrement difficile. Non seulement ils étaient cachés au milieu des branchages mais le sol était jonché de nombreuses plantes rampantes et d’arbres couchés. Evoluer dans cet environnement, matériel photo à la main fût un vrai exercice d’équilibriste. Notre porteur, Godfrey, fût une fois de plus d’une aide inestimable. Ce groupe de gorilles était un peu plus petit que les deux précédents. Un mâle et deux femelles avec quelques jeunes âgés de six mois à deux ans. Mais n’ayant des petits que tous les quatre ans environ, trouver des jeunes à chaque fois était une vraie chance. Après une heure particulièrement éprouvante passée avec eux il était temps de quitter, pour la dernière fois, cette forêt majestueuses et de dire au revoir à ces seigneurs des montagnes. La météo fût, pour une fois, clémente tout au long de la journée ce qui nous permis de rentrer secs pour la première fois depuis notre arrivée.
De retour au lodge vers 16h le moment était venu de faire une dernière sauvegarde de toutes les images du séjour puis de remballer tout le matériel et refaire les bagages car la route qui nous attendait le lendemain pour rejoindre Kampala serait longue et nous obligerait à nous lever tôt une fois encore.
7h du matin… il était temps de prendre le chemin du retour pour une longue, très longue journée de route. Car avant de retrouver le bitume des axes principaux, il fallait commencer par redescendre de la montagne sur cette piste boueuse et rocailleuse. Avant notre départ, j’avais reçu quelques vêtements de la part d’une collègue que je souhaitais offrir à un ou deux enfants mais je n’en avais pas encore eu l’occasion. C’est sur la route du retour que je trouvais enfin l’opportunité que j’attendais de faire un heureux. Un enfant portant un bidon d’eau sur la tête rentrait chez lui en marchant le long de la piste. Je demandais alors à notre chauffeur de s’arrêter et l’interpella par la fenêtre de la voiture. Il pensait alors que j’allais lui offrir un stylo ou quelques bonbons mais quand je lui tendis la petite pile d’habits il resta dubitatif, comme si ce geste, aussi insignifiant qu’il puisse paraître à mes yeux, représentait pour lui un cadeau inespéré. Il jeta alors son bidon au sol, son visage s’illumina d’un sourire qui transforma complètement l’expression de son visage. Il saisit les habits que le lui tendais et repartis en courant et en criant jusque chez lui. Je n’oublierai jamais son regard à ce moment là…
Au fil des kilomètres, des villages et des villes traversés, nous retrouvions progressivement la civilisation. Avant de retourner à Entebbe pour prendre notre vol qui ne décollait que tard le soir, nous avons fait un arrêt chez Keith et Meghan à Kampala, ce qui nous a permis de finalement passer un peu de temps avec nos amis et de profiter de leur hospitalité pour nous restaurer un peu et prendre une douche salvatrice après une si longue journée. Mais pour arriver chez eux il nous fallut traverser la ville de bout en bout, probablement la plus surchargée en trafic que je n’avais jamais vu. Près de trois heures furent nécessaires pour y parvenir et arriver chez vers 17h environ.
A 19h30 nous reprenions une dernière fois la route en direction de l’aéroport de Entebbe où nous arrivions une heure et trente minutes plus tard. Il était temps de quitter ce pays incroyable et de rentrer chez nous, même si une fois encore j’avais plutôt l’impression de quitter mon chez moi et non d’y retourner. Nous décollions à 23h pour un vol sans encombre et arrivions à Genève le lendemain matin à 11h. Il ne restait alors plus qu’à ranger le matériel et nous reposer un peu car la vie, qui semblait avoir stoppé son cours le temps de ces dix jours magiques, reprenait son rythme normal. Mais nous revenions une fois encore plus riche de ces incroyables rencontres et avec des souvenirs qui nous accompagneront toute notre vie…
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2 Comments
Merci pour ce partage. Un rêve que de pouvoir approcher ces magnifiques animaux… Un vrai moment de bonheur en visionnant ces photos.
novembre 6, 2018 9:55Merci pour ce message. Je suis ravis que vous ayez eu du plaisir à visionner ces images. Cordialement. Brice
novembre 6, 2018 10:11Comments are closed.